Samedi 21h, apéro before. Nous nous sommes retrouvés au Délicatessen sur les ordres de E., provincial pour le week-end, car le Petit Londres était fermé, ce qui finalement m'arrangeait bien d'autant plus que le serveur du Déli, que nous connaissons bien, est fort sympathique et que l'on peut écrire avec une craie dans les chiottes.

C'est donc en face de la CAF que nous avons bu en échafaudant un plan de soirée en fonction des informations que chacun ramenait. Il se trouva que deux soirées étaient prévues en même temps. Après un hivers long et rigoureux, où il ne s'était rien passé, nous ne savions plus où donner de la tête…

La première soirée était une soirée Réversible : défilé-performance dans un bar inconnu. Un peu plus tôt nous avions appris que l'entrée de cette fameuse soirée, annoncée depuis quelques temps déjà, était en fait taxée d'un prix prohibitif de 10 euros avec une coupe de champagne offerte. Néanmoins, grâce à des contacts bien placés (merci J.), je fût ajouté sur la liste des invités ce qui permettait, si quelqu'un voulait m'accompagner, de se partager la taxe de passage.

La seconde soirée était l'inauguration d'une nouvelle salle de concert, dans une rue à deux pas du lieu où l'on buvait en se demandant ce qu'on allait faire après. Le groupe se scinda très vite, l'alcool, le froid, l'argent et la drogue nous aidèrent à prendre une décision rapide. Une partie irait au deux soirées et l'autre partie n'irait que dans une.

C'est donc E. et moi même, qui se chargèrent d'aller aux deux soirées. Attelés à nos fidèles destriers, Gypsie Queen et Brisechatte, nous glissâmes sur le bitume humide jusqu'au bar où se déroulait la soirée Réversible. Après avoir attaché nos palefrois solidement au mobilier urbain disponible, nous entrâmes et découvrîmes avec stupeur que la seule boisson disponible à l'intérieur était du champagne à seulement 8 euros le verre. Nous n'avons donc rien économisé et avons savouré chaque goutte d'alcool car nous ne pouvions nous permettre de boire comme à notre habitude dans un endroit pareil.

Le défilé-performance commença. De jeunes femmes se mettaient en scène sur des thèmes cher aux créateurs de vêtements : soumission, vampirisme, luxure et gourmandise. Femme prisonnière cherchant à se libérer des liens qui la retenait auprès d'une autre femme tenant les ficelles de sa servilité, femme muette, aux cils longs et roses, arnachée de cœurs étouffants, Madone fantomatique aux seins qui pleurent du sang, geisha aux éventails qui se dévoile, marquise à la coiffe piquée de chamallows cachant Catwoman sous sa robe… Les filles distribuaient bonbons et morceaux de poupées et laissaient tomber leurs vêtements tandis que des garçons masqués les ramassaient. Un peu plus tard, deux couples s'enlacèrent de cordes dans un balais vampirique en se répandant un liquide sanguinolent sur le corps. Pour finir, des filles firent leur apparition vêtues de robes blanches aux motifs fœtales. coeur madone geisha marquise cordes cérémonie vierges

Le spectacle était bien mais nous nous sommes sentis, comme beaucoup d'autres, un peu décalés dans ce lieu guindé où seul le champagne pouvait couler. Certains ont du apprécier, comme les quelques caricatures que l'on a pu y croiser (bouteille de champagne, lunettes de soleil Ray-Ban pour regarder le show, expression figée…). Le point positif, car il y en a toujours un, est que l'on a pu découvrir un endroit dans lequel nous ne serions jamais allés et dans lequel nous ne reviendrons jamais.

Mi figue mi raisin, nous reprîmes notre chemin. Nos montures nous menèrent presque tout droit dans la nouvelle salle de concert où nous attendait V. , qui draguait, et les deux sœurs d'E. dans une ambiance radicalement différente. Ici point de paf à l'entrée et la bière à 2 euros, et une espèce de coin privé ou l'on pouvait fumer à l'intérieur, de quoi faire oublier l'endroit précédent. Des gens dansaient, d'autres buvaient et personne ne les forçait à s'amuser.

C'est sur cette note positive que la soirée s'est terminée pour V. et moi même. Nous sommes rentrés chacun de notre côté avec nos propres moyens laissant à leur beuverie E. et ses sœurs.