Vendredi 12 septembre à Séoul, j'ai eu la chance de participer à une formidable soirée performance de notre FraiseVinyle préférée. Voici ma vision de cet événement.
Derrière les rideaux de satin rouge
des ombres bougent
attente anxieuse et murmures stressés
Derrière les rideaux de satin rouge
plus personne ne bouge
Musique baroque.
L'ombre d'un lapin de vinyle noir entre en scène, mène la danse et déploie des nappes de picnic pour les invités. Des serveuses habillées de vinyle noir et blanc ajustent les nappes sur un sol de fausse pelouse. Des femmes lapin-chandelier font leur apparition le visage couvert de sequins argentés. Le corps couvert de pampilles et de perles, leurs oreilles de lapin en dentelle supportent de longues bougies rouges. Elles seront les lumières de la soirée.
Les rideaux de la scène se lèvent et laissent apparaître une vamp assises sur un élégant fauteuil noir, la cigarette à la main, au dessus d'elle le mot dream éclaire l'espace. Le rêve a bel et bien commencé.
Derrière les rideaux de satin rouge, les ombres se taisent.
En maître de cérémonie d'une autre époque, elle prend le temps d'allumer sa cigarette et de fumer en regardant froidement le public. Puis, elle prend la parole et commence à raconter son histoire, celle de ses défunts maris et de ses amants. Entre ses mots, dans ses silences, on peut sentir sa souffrance et sa force. Elle est ici chez elle et se fout de ses invités mais elle leur propose tout de même de s'hydrater en leur montrant le chemin.
Derrière les rideaux de satin rouge, un femme fontaine.
Assise les jambes écartées, elle sera la source d'un mystérieux breuvage rose. En pressant le cœur d'un énorme ours en peluche, le liquide peut s'épancher dans les gobelets vides des invités.
Une serveuse vient alors ramasser les oranges que les invités avaient préalablement apportés pour les remettre à un tatoueur installé dans un coin de la pièce.
La vamp reprend sa place sur scène pour présenter le premier show de la soirée où il est question d'abandon, puis elle s’efface pour laisser place à un maitre du bondage et son modèle. Le maitre lentement emprisonne la femme qui l'accompagne dans un savant jeux de cordages et de nœuds. Lentement, il la suspend puis s'assoie à ses côtés pour jouer de la biwa et chanter en japonais. Une fois la chanson terminée, il la libère et ensemble ils se retirent derrière les rideaux de satins rouge.
Derrière les rideaux de satins rouge, le son d'une machine à tatouer résonne .
La vamp réapparait alors, sa beauté ne s'est pas réchauffée et elle continue à parler de sa vie, de ses rêves brisés pour finir par introduire le second show. Une jeune femme et un pierceur se placent sur scène. Une femme lapin chandelier les accompagnent, un livre ouvert entre les mains. La musique démarre, la femme sans visage chante des airs d'opéra tandis que l'homme place des anneaux d'acier chirurgical à différents endroits du corps de la jeune femme qui l'accompagnait. Il lie ensuite tous ces anneaux avec un ruban noir et dessine ainsi un laçage de corset sur le corps de la jeune femme qui s'était abandonnée à ses aiguilles.
Derrière les rideaux de satin rouge, les souffles sont coupés.
Derrière les rideaux de satin rouge, la machine à tatouer continue à chanter.
Une musique sombre annonce ensuite une catwalk. La vamp réapparait bâillonnée. Son bâillon en forme de coeur laisse passer un rouge à lèvre. Elle est accompagnée de sa fidèle amie qui tient des couteaux de cuisine. Ensembles, elles entament des allers-venus sur les nappes posées au sol puis lorsque la musique s'assombrit encore, elles tombent à quatre pattes. La vamp trace des lignes avec son rouge à lèvre rouge sur les nappes de picnic tandis que sa fidèle amie avance en plantant ses couteaux dans la nappe et déchire petit à petit l'espace du repas qui n'a jamais existé. Arrivées au bout de leurs chemins, elles se lèvent, l'une danse avec ses couteaux et l'autre continue de tracer des lignes de rouges à lèvre sur ses bras cette fois, comme pour imager son sang, celui de sa souffrance, sublimé par le maquillage.
Les rideaux de satin rouge se lèvent, l'espace et le temps changent comme dans un rêve. Les invités découvrent alors un donjon avec une maitresse dominatrice habillée d'une robe de tissus holographique.
Le maitre de bondage réapparait et les invités pendant un temps peuvent expérimenter bondage ou autres châtiment. Une fois l'ambiance plus détendue, une dernière apparition vient clôturer le rêve. Une vierge aux voiles de plastique transparent prend place au centre de la pièce et se verse du chocolat sur les joues. Une serveuse propose des biscuits traditionnels coréens et invite le public à venir racler les larmes de chocolat sur les joues de la vierge et à récupérer les oranges tatouées de dessins érotiques.
Les rideaux de satin rouge sont levés, la fin du rêve est annoncée.
Merci à notre FraiseVinyle préférée d'avoir crée ce fabuleux rêve éveillé.
Photo : Hansol Choi (fashion photographer)