Vendredi et samedi soirs se tenaient les soirées Cabaret Érotique au Micmac Motel. Il fallait réserver et nous nous y étions pris trop tard. Pas moyen de se faufiler sans invitation, les places étaient limitées et environ 130 personnes étaient attendues chaque nuit. Frustrés, nous nous étions résignés à ne rien faire mais c’était sans compter un heureux concours de circonstances qui fit que des places se libérèrent au dernier moment pour la soirée de samedi.
Nous avions revêtu de beaux habits pour l’occasion. Excités devant l’entrée, nous ne savions pas à quelle sauce nous allions être mangés. Des hôtesses pomponnées nous accueillirent dans le couloir. Après quelques formalités d’usage et une explication rapide sur le déroulement des choses nous pûmes profiter de la soirée. Un système de petits papiers était mis en place pour assister à différentes performances. Nous n’avions rien compris à ce fonctionnement et nous décidâmes d’aller explorer et découvrir de belles choses au hasard de notre chemin, après le rapide détour par le bar de rigueur.
Dans le couloir, mises en scène par notre FraiseVinyle préférée, deux poupées torses nus aux airs de duchesses baroques étaient montées sur des échasses. Port de tête altier, poses lascives, elles délimitaient les deux chemins à prendre tout en restant muettes. Les étoffes de leurs tenues tombaient au sol et formaient un passage entre leurs jambes démesurées. Il nous fallait passer entre ces jambes, sous les jupons à quatre pattes, pour pénétrer les pièces à visiter et laisser l’appartement labyrinthique livrer ses mystères au gré de notre errance.
Nous avons pu suivre un parcours sensoriel où, les yeux bandés, nous étions guidés au centre d’un espace délimité par des rideaux noirs. Caresses, odeurs, saveurs sucrées, bruissements d’eau, sifflements, des gens s’affairaient tout autour de nous pour nous aiguiser les sens puis nous ramenaient doucement à la sortie, accompagnés de bruits de bisous, nous laissant à nos rêveries. Nous étions en bonne condition pour continuer notre chemin.
Il y avait, une mariée dans une baignoire qui lisait un texte, une installation gustative étonnante à laquelle nous pouvions accéder en entrant par la porte d’une armoire, des projections vidéo, des musiciens qui se traînaient par terre, d’autres qui jouaient debout, un femme hystérique qui samplait ses cris de jouissance et entraînait les passants dans ses filet de mousseline blanche, une vulve géante dans un placard entrouvert et des petits spectacles de cabaret.
Nous n’avons pas pu assister à tout à cause du monde, des rendez vous ratés et de l’heure qui avançait plutôt vite, mais nous avons profité pleinement de cette agréable soirée dépaysante comme on en voudrait plus souvent.
Merci aux organisateurs et à tous les artistes de nous avoir fait vivre un petit espace temps rafraîchissant.