On nous avait prévenu et on ne voulait pas le croire mais nous avons été mis sur le fait accompli : l’antre de la débauche et du raffinement, la rue B , sonnait sa dernière heure et c’est sous forme d’électrofuckdiscosuicidebolywoodparty que le glas a retentit.
Les colocataires de ce lieu cultissime qui a inspiré de nombreux artistes, avaient réunis une dernière fois leurs énergies pour donner ce qu’ils avaient de meilleur : l’amour qu’ils portent au monde qui les entoure.
Nous étions conviés à nous grimer sous les traits d’acteurs et actrices indiens et nous avons presque tous joué le jeu. Ainsi habités par de nouvelles âmes, nous avons pu faire un happening dans le salon où certains jouaient à des jeux fort peu subtils et ennuyeux. Le volume de la musique a ainsi augmenté jusqu’à faire éclater le groupe de joueurs qui ne pouvaient plus rien faire d’autres que de céder leur place aux danseurs enflammés. La fête pouvait commencer et elle allait être à la hauteur de l’Himalaya. Une journaliste d’un quotidien régional (une certaine S ) avait été dépêchée sur les lieux pour couvrir l’évènement. Très vite elle a été complètement prise par l’énergie ambiante et en a oublié ce qu’elle venait faire ici, mise à part participer activement à l’ambiance en trémoussant son popotin sur la piste de danse. Les chorégraphies s’enchaînaient et l’appartement s’emplissait de gens heureux. Nous avons pu croiser au détour d’un couloir ou d’une chambre, des bohémiens, un pirate enturbanné, une femme aux oreilles de chatte, des diseuses de bonne aventure, une accordéoniste qui animait un bal musette, des personnes égarées mais heureuses et bien sûr des indiens et des indiennes dans des positions quelques fois tantriques. La température montait et bientôt le plancher s’embrasa. L’énergie des convives se concentra en une espèce de boule qui explosa et répandit une onde sexuelle sur toute la ville. La rue B finit en un orgasme.
Il s’est passé bien des choses cette soirée là, mais rien ne peut plus être raconté.