Les Vipères et Lolo B.
V.

Les Vipères rejoignirent la salle principales où les figurants invités essayaient de faire la fête mollement. Personne ne se fit prier pour utiliser ses pouvoirs sur les figurants, choisis au hasard pour leur beauté, doucement au début, juste pour faire durer le plaisir et attendre l'heure fatidique indiquée par Firesperm, puis tout donner. Le punch au MDMA commençait à faire son effet.
Cyprin lança un gentil petit bootyshake et les corps se mirent en mouvement instantanément. La piste de danse improvisée se remplit d'hommes et de femmes ensorcelés et les Vipères se glissèrent entre les corps chauds, se mêlèrent à foule, pour infiltrer la soirée de l'intérieure. Sexysperma dégaina sa palette de fards à paupières et en un mouvement, elle projeta un arc-en-ciel au dessus de la piste de danse. Il resta un moment en suspend, attirant l'attention des gens ébahis par tant de beauté. Puis, il retomba en une pluie de paillettes de toutes les couleurs, inondant la foule de reflets irisés. L'ambiance monta d'un degrés.
Un peu plus tard Athik cligna doucement son œil magnifiquement maquillé et les tensions se mirent à apparaître dans les pantalons. Les corps se rapprochaient, les mots n'avaient plus besoin d'être prononcés. Regards humides et force apparente, déhanchés en caresses d'ondes sensuelles, l'ambiance monta encore d'un degré.
C'est le moment que choisit Pantysoiler pour se concentrer un peu et faire apparaître une certaine humidité dans la toile tendue des jeans serrés.

Dans le même temps, à l'autre bout de la pièce, FraiseVinyl se sentait bien en dansant sensuellement, perchée sur des talons vernis de 15 cm. Ça faisait peu de temps qu'elle avait atterrit dans la ville, attirée par un chant cosmique qui lui avait fait quitter sa planète. Depuis son arrivée, elle avait senti que quelque chose la liait à toutes ces Vipères sans savoir pourquoi. Elle s'était toujours sentie bien depuis, mais ce soir là, elle se sentait plus que bien, comme si quelque chose allait se passer, comme si quelque chose allait se révéler.

Pendant ce temps Firesperm prit Herr.Ektor à part.
- Nous allons devoir nous isoler un peu.
- OK.
- Viens, allons dans la chambre d'à côté. Je l'ai préparée. Nous pourrons mieux nous concentrer.
Herr.Ektor suivit Firesperm. Ils pénétrèrent dans une pièce nue. Firesperm avait allumé des bougies et répandu des paillettes d'or au sol car elles accrochent mieux la lumière et reflètent mieux le son. Il disposa deux gros coussins au centre de la pièce, autour d'un cierge bleu. Il invita alors Herr.Ektor à s'assoir.
- Il faut que nous mangions les champignons en exacte proportions, en nous concentrant.
Firesperm donna sa part à Herr.Ektor et pris la sienne dans sa main gauche qu'il porta à sa bouche pour souffler doucement la fumée qu'il venait d’inhaler d'une cigarette de marijuana. Il passa le joint à Herr.Ektor qui exécuta les mêmes mouvements. Puis, face à face, un peu comme s'ils se regardaient dans un miroir, ils mangèrent un à un les champignons, mâchant bien pour en faire sortir toute la magie.
- Maintenant, ferme les yeux et écoute moi. Écoute mon chant, il te guidera.
Herr.Ektor ferma les yeux. Au début tout était noir, puis le chant de Firesperm commença à envahir la pièce et de l'ombre jaillit la lumière par petites pointes au début, puis par vagues de plus en plus intenses jusqu'à devenir des fractales psychédéliques dorées. Le son était lumière et la lumière était sensation tactiles. Des ondes de chaleur traversaient le corps d'Herr.Ektor. Ses spirales tatouées bougeaient sur sa peau, remuant le plus profond de son âme. Et le chant doux et enveloppant de Firesperm semblait le guider dans les méandres de son cerveau, illuminant son chemin.

Dans la pièce d'à côté, la fête battait son plein. L'heure approchait et les Vipères étaient rassurées d'avoir encore tous leurs pouvoirs. FraiseVinyl sentit une étrange sensation se développer en elle, des vibrations positives partaient de son corps et irradiaient de tous les pores de sa peau fraiche. Elle entrevit alors des formes féminines fantomatiques avec des têtes de lapin noires, apparaître dans la pièce et se tenir immobiles, stoïques ; ces mêmes formes qu'elles connaissaient bien pour les avoir déjà croisées sur la planète Sexua. Les radiations qui partaient de FraiseVinyl atteignirent les Vipères qui sentirent leurs pouvoirs se décupler, gonfler jusqu'à déborder puis exploser en puissante jouissance.

Rivière de foutre lac de cyprine, plus rien à foutre de la discipline.

C'était l'heure dite et Herr.Ektor tomba.

Herr.Ektor voulu ouvrir les yeux mais il s’aperçut qu'il n'en avait pas besoin. Firsperm était à ses côtés. Il se leva et lui fit signe de le suivre. Herr.Ektor suivit. Ils arrivèrent dans la rue où les attendaient leurs fidèles destriers et les enfourchèrent pour partir à la découverte de la ville. L'eau s'était retirée pour les laisser passer. Herr.Ektor n'avait pas l'impression de pédaler. Sa monture mécanique flottait au dessus du sol. Accompagné de Firesperm, il se dirigea près les rives du fleuve qui avait regagné son lit, guidé par un chemin invisible. Ils posèrent alors leurs montures contre un mur pour qu'elles reprennent des forces en broutant le bitume du trottoir, et s'approchèrent des arbres qui semblaient respirer. Dès qu'ils furent plus près, les arbres vibrèrent de plaisir.
- Nous y sommes, chantonna Firesperm. Maintenant, il faut que tu voies. Le gardien des deux mondes va venir te chercher.

Herr.Ektor regarda le paysage qui pétillait de vie. La lumière était liquide et coulait avec l'eau du fleuve sous les jambes d'un pont plus très neuf. Il vit alors sortir de l'ombre du pont un héron cendré, qui bougeait lentement. Il se mit à la lumière pour faire briller ses plumes d'argent. Son cou et sa tête se tendirent dans une direction, le tout ressemblait à une flèche métallique qui désignait les reflets dans l'eau du fleuve. En regardant l'eau, Herr.Ektor vit.

Des spirales se faisaient et se défaisaient dans les remous, entrainant le regard d'Herr.Ektor. Un monde de colonnes lumineuses et colorées apparaissait. C'était là qu'il fallait aller. Le héron-gardien-des-deux-mondes déploya ses ailes lentement pour laisser découvrir les plumes d'or étincelantes de son poitrail. Herr.Ektor y vit la confirmation de ce qu'il pensait. Il n'y avait pas de doute, c'était là qu'il devait aller. L'univers bascula de 180 ° et il se trouva face à un temple à l'architecture greco-indienne. Les colonnes de lumières entouraient une porte. Ride the snake, chantait le héron-gardien-des-deux-mondes, ride the snake. Il se transforma alors lentement et sensuellement en serpent d'argent grandissant, grandissant, s'enroulant et se déroulant en murmurant un langage qui ne peut se traduire par des mots. Il se lovait et faisait vibrer ses écailles en se rapprochant d'Herr.Ektor stupéfait par ce qu'il pouvait voir, mais en même temps serein et confiant en ce psychédélique reptile. Celui-ci invita Herr.Ektor à monter sur sa tête. Herr.Ektor monta et le serpent pris son envol vers le temple dont les portes s'ouvraient à son approche, laissant sortir des volutes de chaleur, d'odeurs et de couleurs...

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