A l’heure où les hommes de la ville passent pour nourrir les pigeons
de viande transgénique avariée, Asthik rentrait seul, à pied dans les
rues désertes de la cité endormie. Il regardait ces hommes courageux aux
muscles saillants, qui lançaient la barbaque aux oiseaux fauves. Les
passants pourraient passer ce matin sans se soucier des attaques des
rats ailés qui couraient dans les rues à la recherche d’un petit
déjeuner ; Asthik s’en foutait, il admirait les hommes habillés de cuir
accomplir leur besogne.
Chemin faisant, Asthik s’affaissait. Il
avançait l’échine courbée, sentant son énergie nocturne filer comme une
anguille. Un sentiment de lassitude s’installa en lui juste avant qu’il
n’atteigne la porte de sa demeure. Il ne pensait plus qu’à dormir, ce
qu’il fit en deux temps trois mouvements. Au réveil, il ne se souvenait
de rien.
Pourtant il s’en était passé des choses.