Les Vipères et la baguette de virginité
I.

Depuis qu’il savait quel monstre l’habitait (voir le double G), Asthik se sentait un peu triste. Les analyses poussées de Séliba, n’avaient rien donné en termes de solution concrète au mal qui le rongeait, même si celui-ci s’acharnait à faire des recherches et des essais pour trouver un remède.
Pour pallier au désespoir d’Asthik, les Vipères décidèrent de lui faire un petit cadeau. C’est Cyprin qui se chargea de trouver le présent. En observateur aguerri, il avait repéré une petite boutique au coin d’une ruelle de la capitale du pays. Elle n’était répertoriée sur aucune carte des commerces disponible dans les O.T.C (Offices du Tourisme de la Consommation) et elle n’était pas indiquée non plus dans la rue. L’étrangeté du fait avait attisé la curiosité de Cyprin qui se promenait en compagnie de L’homoover.  Son attention avait été attirée par une petite devanture peinte en rouge qui ne payait pas de mine.
- Regarde chéri, dit Cyprin, je n’avais jamais remarqué cette boutique auparavant.
- Ce truc rouge tout défraichi ? Demanda L’homoover.
- Oui, c’est étrange, je suis passé là hier et elle n’y était pas.
- Tu n’avais pas dû la remarquer.
- Ce n’est pas possible, en plus tu vois bien qu’elle n’est pas indiquée dans la rue.
- Oui, c’est vrai. C’est étrange.
- Tout cela m’intrigue. Ça te dit d’y faire un tour pour voir ?
- Allons-y gaiement.

En s’approchant, Cyprin et L’homoover décryptèrent, ce qui n’était pas aisé, l’inscription en lettres gothique noires qui disait : Toute la magie pour vous. Ils échangèrent un regard complice et poussèrent la porte pour entrer dans la boutique. L’intérieur était tellement épuré qu’il n’y avait rien d’autre qu’un vendeur. Surpris de ne pas trouver tous les objets qu’ils avaient aperçus dans la vitrine en passant, Cyprin et L’homoover s’approchèrent, l’air interloqué, vers le vendeur. Celui-ci se tenait debout au milieu de la pièce, vêtu de blanc. Il avait un visage où l’on pouvait voir une ressemblance avec qui on le voulait.

- Tu ne trouves pas qu’il ressemble à La Prohibida, chuchota Cyprin.

- Non pas du tout, il a un air de Briteney, chuchota lui aussi L’homoover.
- Puis-je vous aider ? Demanda le vendeur d’une voix claire, coupant ainsi le conciliabule qui se tenait devant lui.
- Oui, répondit Cyprin. Nous sommes assez étonnés par votre boutique.
- Le vendeur resta silencieux, en position d’écoute attentive.
- Oui, nous pensions trouver une sorte de cabinet de curiosité à l’intérieur du magasin, dit L’homoover.
- Vous ne devez pas être au fait de ce qu’il se fait, justement, en matière de boutique de magie, répondit le vendeur avec une pointe de supériorité au bout de la langue.
- Pardonnez-nous, c’est la première fois qu’on entre dans une boutique de magie, répondirent Cyprin et L’homoover.
- Bon, ça va. Je pardonne votre ignorance, mais pas vous. Sachez, pour votre gouverne, que les boutiques de magie telle que vous l’imaginiez, n’existe plus depuis fort longtemps. Ça fait partie du folklore. Les objets dans la vitrine ne sont là que pour attirer les ignorants. Les boutiques de magie ont évolué avec leur temps mais les stéréotypes restent les mêmes. Dieu merci, c’est fini tous ces bazars pleins de bordel, de poussière et d’objets douteux. Nous proposons désormais des conseils personnalisés et adaptés aux besoins des clients.
- Génial, déclarèrent Cyprin et L’homoover.
- Nous apparaissons quand bon nous semble, continua le vendeur imperturbable, mais toujours au moment où quelqu’un à besoin de nous, d’ailleurs, si vous nous avez repérés et que vous êtes entrés dans la boutique, c’est que vous avez besoin de nos services.
- C’est vrai dit Cyprin. Nous recherchons quelque chose de particulier pour un ami.
- Laissez-moi deviner… Cet ami en question souffre en ce moment, il est triste et affaiblit, non ? Et sans attendre la réponse le vendeur reprit, il est terne et a perdu de ses couleurs à cause d’un événement traumatisant, ou de lavages intensifs à 60°C ? Alors j’ai ce qu’il vous faut.

Sans laisser le temps de réponse normalement accordé à tout interlocuteur, le vendeur sortit de nulle part une petite boite transparente contenant une grenouille figée.

- Qu’est ce que c’est ? Demanda L’homoover. On dirait une grenouille.

- Ce n’est pas une grenouille. C’est l’objet qu’il vous faut, répondit le vendeur du tac au tac.
- On a bien compris, mais à quoi sert-il et comment l’utilise-t-on ? demanda Cyprin.
- C’est simple, il faut juste cracher dessus et ajouter de l’eau dans le récipient et laisser la magie opérer. C’est écrit sur l’étiquette.
- Et que ce passe-t-il alors ?
- La grenouille se transforme.
- En prince charmant ?
- Tout ce que je peux vous dire, c’est que la magie s’adapte aux désirs de son possesseur.
- Intéressant, conclut Cyprin, on le prend.

Cyprin et L’homoover s’en allèrent, aussi gaiement que quand ils étaient arrivés, enchantés d’avoir trouvé l’objet qu’ils voulaient. Cependant cette boutique et ce vendeur les avaient laissés un peu perplexe, surtout le vendeur-Prohibida-Briteney. Tout cela était bien étrange mais en même temps ils avaient confiance…

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