Les Vipères et la baguette de virginité
X.

En atterrissant à Notwin Pinktown, à l'heure où l'on confond chiens et loups, à l'heure où les hommes de la ville passent pour nourrir les pigeons de viande transgénique avariée, FraiseVinyl avait perdu le signal. Une sorte d'horrible chant de canard laqué avait parasité son tableau de bord, mettant HS son radar, alors qu'elle entrait dans l'atmosphère. Elle avait eu tout juste le temps de mémoriser le point d'atterrissage indiqué par son ordinateur. En l'occurrence, le jardin du grand carré. Il était entouré de grilles en fer forgé assez hautes et fermées à double tour le soir, mais FraiseVinyl l'ignorait. Vu du ciel on avait l'impression d'une arène de combat faite de pelouse rase, d'arbres et de bosquets variés, avec un plan d'eau en son centre.
FraiseVinyl sortit de son vaisseau vêtue d'une combinaison intégrale de vinyle,  perchée sur ses talons de 15 cm incrustés de diamants. Un corset de cuir vernis marquait sa taille et une frange radicale marquait son front. Elle ne savait pas comment retrouver l'origine du signal mais la chance lui sourirait peut être un peu plus tard. Pour l'instant, elle devait explorer cet univers bien loin du sien et pourtant si proche. Rien ne lui laissait présager le crêpage de chignon qui s'annonçait. En attendant, FraiseVinyl avançait d'un pas léger mais sûr, dans les  allées du parc, laissant son regard glisser sur les merveilles végétales qui l'entouraient.

Tout à coup, derrière elle, une blonde bien modelée quoi qu'un peu vulgaire, de 1m80 de hauteur (talons compris), surgit des bosquets, vêtue d'un tout petit bikini doré. Elle avait à la ceinture, un sèche cheveux chromé et un fer à friser, et avançait d'un pas décidé droit sur FraiseVinyl qui ne l'avait pas vue. C'était une Cindy 3095C, un modèle que l'on croyait éteint, mais qui pourtant, avait refait surface après l'explosion qui avait insufflé la vie mauvaise aux poupées gonflées, le jour de la genèse. Elle pressa le pas jusqu'à courir et se jeta sur FraiseVinyl pour la plaquer au sol.

La première attaque avait surprit FraiseVinyl qui se retrouva bloquer à terre en train de mordre la poussière d'une allée. Cindy 3095C profita de l'effet de surprise pour bloquer la tête de FraiseVinyl entre ses seins siliconés et dégainer son fer à friser. La pauvre FraiseVinyl ne voulait pas mourir étouffée, ni frisée. Elle se débattit, comme elle le pouvait, en gigotant ses jambes dans tous les sens pour essayer de se défaire de l'emprise de la Cindy 3095C qui était assise sur elle, à califourchon, essayant de lui friser les cheveux en l'étouffant avec ses mamelles de plastique liquide. FraiseVinyl, en un coup de rein, arriva à passer ses jambes autour du cou de la blondasse et la faire basculer au sol pour ainsi renverser la situation, comme dans un match de catch. FraiseVinyl était maintenant debout. Elle la tenait en joue avec un de ses talons aiguille dont était sortit un mini pic de cristal. La pointe acérée était appuyée sur le sein gauche de Cindy 3095C.

Malgré sa position de faiblesse, celle-ci avait réussit dans sa chute, à dégainer, d'on ne sait où, une bombe de laque ultra fixante. Elle aspergea violemment FraiseVinyl au visage qui détourna la tête pour éviter le jet de laque, ce qui eut pour résultat de lui faire une drôle de coiffure. Cindy 3095C profita de cet instant pour se relever et se préparer à bondir, toujours armée de son fer à friser chromé, déterminée comme jamais à lui pourrir sa coupe de cheveux jusqu'au bout. FraiseVinyl était aveuglée par ses cheveux figés devant les yeux.
Le deuxième impact de Cindy 3095C les projeta dans la boue autour du plan d'eau, où les canards habituellement barbotent et se trémoussent du popotin. Elles roulèrent ensemble dans une étreinte glissante et enragée à base de lacération, d'arrachage d'extensions, de muscles bandés et luisants et de petits cris féminins. Elles se retrouvèrent rapidement à l'eau, les tétons au garde-à-vous, encore plus moulées dans leurs vêtements qu'elles ne l'étaient déjà. FraiseVinyl se releva prestement et d'un geste prompt rabattit ses cheveux en arrière. Cindy 3095C l'imita. Elles entamèrent alors un combat de regards dégoulinant de rimmel et de mascara. Le temps semblait suspendu entre les deux femmes, s'interdisant un instant à reprendre le fil de sa course.

FraiseVinyl fut la plus rapide à passer à l'attaque, elle ouvrit d'un geste rapide le haut de sa combinaison pour libérer ses seins armés de nippies burlesques qu'elle fit tourner de plus en plus vite. Cindy 3095C surprise par le vent chaud qui déferlait sur elle, crut qu'un sèche cheveux géant était à sa disposition. Elle en profita alors pour se sécher les cheveux naturellement, le dos cambré et la tête penchée en avant. Hé oui, Cindy 3095C  était tellement conne que c'en était de l'hérésie (c'est pas moi qui le dit c'est Sexy Sushi). Les fabricants n'avaient pas jugé utile qu'elle ait un cerveaux trop construit. FraiseVinyl profita de la diversion pour lui asséner deux tartes dans la gueule et un crochet du gauche bien placé.  Cindy 3095C en eut le souffle coupé et retomba lourdement au sol. Sans plus de préavis, FraiseVinyl exécuta un petit saut de biche et lui asséna un coup de talon-aiguille-pic-de-cristal dans chaque seins, en criant : « Crève chiennasse ! ». La dite chiennasse ne se fit pas prier pour se dégonfler, comme un matelas pneumatique, en un bruit de pet de fouffe.

Quel accueil étrange, se dit FraiseVinyl. Cela n'avait pas l'air d'une coutume locale, enfin elle l'espérait. Maintenant qu'elle s'était débarrassée de l'enragée qui l'avait agressée, FraiseVinyl pouvait reprendre le fil de son exploration. En se retournant, elle remarqua deux silhouettes qui la regardait.

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